Nous réglons nos dernières affaires à Ushuaia et partons vers la péninsule Mitre, complètement à l'est de la Terre de feu. Pour cela il faut longer le canal de Beagle. Nous apercevons Puerto Williams. Il s'agit de la véritable ville « la plus australe du monde »: elle est chilienne et semble un peu plus petite qu'Ushuaia. Plus inaccessible aussi car pour l'atteindre, en plus du détroit de Magellan, il faut aussi traverser le canal de Beagle. Voilà sans doute pourquoi elle est moins touristique que sa concurrente: Ushuaia. D'ailleurs, question de géographie: quelle est la différence entre un détroit et un canal?
Les paysages sont magnifiques. D'autant plus qu'il fait un temps superbe: nous en profitons car c'est plutôt rare! Les couleurs n'en sont que plus belles. Les arbres du coin adoptent des formes assez bizarres: ils sont complètement couchés par le vent. Les enfants -y compris JP- les escaladent plus facilement!
Nous passons devant l'estancia Harberton mais, pour l'instant, nous poursuivons la route jusqu'au bout! La nature est souveraine: elle est alimentée par un climat très humide et les forêts nous paraissent sauvages car les traces de l'activité humaine ne sont pas nombreuses. Nous ne sommes pour autant pas dans une nature vierge: l'homme s'est implanté partout et les chevaux, les quelques barrières sont bien présentes. Nous arrivons au bout du monde : à l'estancia Moat. Nous sommes accueillis par des chiens hurleurs et rebroussons chemin face à des agents de la préfecture navale nous informant qu'il n'y a plus de chemin ensuite.
Nous trouvons un joli coin pour dormir: nous sommes près d'une rivière, dans une tourbière. C'est humide mais nous n'avons pas les pieds dans l'eau. Non loin de là, nous avons la plage du canal de Beagle et elle est pleine de bois blanc bien sec charrié et sculpté par la mer. Nous en ramassons pour faire un gros feu. Les grillades se préparent et une bonne soirée s'annonce. Il fait froid mais le feu permet de nous réchauffer. Nous nous régalons de saucisses grillées.
Le lendemain, il pleut! Impossible de faire quoi que ce soit dehors car il pleut vraiment toute la journée. En plus, il fait froid! Nous dépassons rarement les 10° même en peine journée! Nous nous dirigeons donc vers l'estancia touristique Harberton pour trouver un refuge: nous y buvons un bon chocolat chaud en mangeant des petits gâteaux. Il y a un gros poêle au milieu de la pièce et je me réchauffe les pieds dessus. Les murs sont couverts d'affiches retraçant les origines de cette famille de pionniers: la première à s'installer en Terre de feu; à procréer en Terre de feu; à créer des missions catholiques pour les indiens en Terre de feu. Bref, la parfaite famille pionnière argentine! L'estancia porte le nom de leur village gallois d'origine. Je serais bien restée tout l'après midi près du poêle, au chaud mais nous finissons par sortir et surprenons un lion de mer avant d'aller visiter le musée d'à côté. Il est tenu par des jeunes stagiaires motivés. Nous y observons les squelettes de plusieurs mammifères et oiseaux marins. Les animaux ont tous été trouvés dans les environs. JP s'est d'ailleurs amusé à dénicher des os sur la plage. Nous visitons l'atelier de nettoyage des animaux! Il y en a un stock remisé; en attente au milieu des marmites. Ca pue mais c'est intéressant.
Nous retrouvons Marc et Marie. Nous avions prévu de passer la soirée ensemble près de l'estancia Harberton et de faire des grillades. Malheureusement, il pleut toujours! Nous nous installons sur les terres de l'estancia. Il y a plein d'arbres abimés par les castors autour de nous! Quand pourrons nous en voir un? Il y a de la boue partout! Nous faisons donc à manger dans le bus et passons la soirée à discuter tranquillement.
Le lendemain, il fait toujours aussi froid et humide. Marre de ce temps fuégien! C'est un calvaire pour faire sa toilette, faire à manger dehors, faire la vaisselle avec une eau gelée. La vie quotidienne devient difficile! Et puis le moral en prend un coup car se réfugier dans la voiture toute la journée n'est pas très agréable! Bref, autant dire que nous ne trainons pas. Nous sommes déçus de ne pas profiter plus longtemps de Marc et Marie mais il fait trop moche pour être dehors. Nous nous dirigeons vers le Cabo San Pablo. Il y a une épave de bateau. Les paysages sont magnifiques. Nous croisons des guanacos; toutes sortes d'oiseaux et surtout nous voyons un castor sauter dans une mare ! Nous sommes tous contents. Surtout JP : il adore ces espaces sauvages. Nous passons dans des petits villages hors du monde et sur les terres d'estancias immenses. Il faut d'ailleurs soulever des barrières à plusieurs reprises pour poursuivre le chemin. Les propriétaires s'approprient les chemins et il est difficile de savoir si la route appartient au domaine public ou privé! Nous trouvons un endroit où dormir dans une forêt. Il fait froid. Nous passons toutes nos soirées dans la benne de la voiture à regarder des photos; discuter. Ce soir là, quand JP se couche, il fait 1° dans la tente des filles. Nous leur avons mis toutes les couches: elles ne semblent pas avoir froid. Par contre, JP se couche avec ses vêtements et ne se change pas quand il se lève depuis plusieurs jours! Il n'a pas un duvet aussi chaud que les nôtres et malgré les couvertures en polaire -spécialement confectionnées par Myriam- les nuits sont un peu fraiches! Heureusement, les filles ne se plaignent pas du froid en se levant! Il faut dire qu'avec la partie de chatouille que JP leur réserve chaque matin, elles ont de quoi être de bonne humeur! Quant à nous, une fois couchés et emmitouflés nous n'avons pas froid et les réveils en fanfare par les filles hurlant de rire ne sont pas toujours super agréables: merci JP!
Nous reprenons la route vers la ville de Rio Grande. Nous nous baladons un peu dans la civilisation après plusieurs jours passés en pleine nature. La ville ne semble pas présenter un grand intérêt mais nous n'y restons pas longtemps. Nous cherchons une « talabateria » pour montrer une vraie boutique de gaucho à JP mais nous n'en trouvons pas vraiment. Nous passons voir notre ami Galep et sa famille chez qui nous prenons un super goûter. Galep nous confirme que ce temps abominable est tout à fait normal pour un été ! Ils ont le chauffage toute l'année. Je n'ose même pas imaginer l'hiver! La maison n'est pas très grande et nous repartons pour trouver un endroit où dormir. Il fait froid, il pleut et nous en avons un peu marre. Nous roulons jusqu'à la frontière chilienne et après moult discussions, nous optons pour une nuit dans un hôtel de « l'Automovil Club Argentino » juste avant le passage de frontière à San Sebastian. Il n'est pas très luxueux mais il présente le principal avantage d'avoir du chauffage. A tel point que nous avons trop chaud et.... que nous dormons mal! Ne cherchez pas à comprendre, il n'y a aucune logique...
Janvier 2010 : En terre de feu |
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